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Le journal de mamie Paulette : 18 août 1942

sommaire du journal

Vendôme – Moisy – Charray = 33 km      total = 929 km

Départ de Vendôme. Aujourd’hui les paysages nous importent peu. Ce qui compte avant tout, c’est notre désir de ravitaillement. Depuis hier, nous rêvons fromage et oeufs.
Nous allons directement à Saint-Firmin où nous entrons dans plusieurs fermes. Nous obtenons tout juste un fromage que la fermière nous sale. Et nous quittons Saint-Firmin avec cette maigre récolte.  Nous ne sommes pas dépitées pour si peu, et sommes bien décidées à continuer.

Entre Lisle et Pezou on nous indique d’abord la ferme du maire. De multiples ouvriers entourent la batteuse. Dans la cour on plume des volailles. Pour cette grande affaire il faut beaucoup à manger, aussi nous obtenons tout juste encore un fromage, mais beaucoup plus sec.
Près de Pezou nous redemandons des oeufs et en obtenons deux. Le courage nous revient. Nous avalons des côtes sans trop de mal, descendant seulement du vélo près de Morée. Une ferme est là, sur notre chemin, nous y entrons, demandons 1 ou 2 oeufs. La fermière nous en apporte… 6 ! Quelle récolte formidable.

Nous ne voulons pas arriver à Charray à l’heure du déjeuner. Nous nous arrêtons donc à Moisy qui en est distant de 7 km. Là, pas d’hôtel qui puisse nous servir, mais au café on veut bien nous cuire des oeufs et nous mettre un couvert. Nous sortons acheter notre déjeuner : des oeufs – on nous en donne 4 –  du beurre – on nous donne une fillette de crème – Puis nous allons au pain.

Repas : 2 oeufs à la coque / 1 fromage de chèvre à la crème / crème sucrée

Il y a longtemps que nous avons mangé tant de bonnes choses ensemble.
Le déjeuner fini, nos sacs séchés devant la porte de l’église et notre bouteille rincée à la fontaine, nous partons vers Charray.
Quand nous y arrivons, Mme Badaire met la table pour elle et deux jeunes gens qui furent ses nourrissons.
Quoiqu’ils soient là pour plusieurs jours elle a encore de la; place pour nous recevoir.
Nous les voyons manger, passons ensuite l’après-midi comme nous pouvons (chaleur torride !) Jeannine tricote. Mme Badaire reprise. Raymond taille les rosiers, puis part au jardin après avoir lu, sa soeur Paulette lit, je dis des bêtises, et nous mangeons tous des prunes du prunier.

Dîner tous ensemble. Nous avons fait facilement connaissance et la table commune nous rapproche encore. Nous dînons de très bonne heure pour sortir ensuite.

Potage à l’oignon et à la semoule / Pommes de terre à la crème / Rillettes / fruits

Puis nous partons au jardin où nous retrouvons un prunier. Pendant que Raymond fait le jardinier Mme Badaire part au moulin.
Le ciel est encore très beau ce soir. Sur le retour la brouette est assez chargée : 7 kg de farine et de l’herbe à lapins.
Pour nous coucher nous attendons la nuit, dans le jardin de la maison. Nous continuons à manger des prunes jusqu’au moment où nous allons nous coucher. Véritable petit dortoir féminin puisque nous sommes 4 dans la même chambre ! Par cette chaleur épuisante, Mme Badaire et Paulette ne se contentent pas de leurs couvertures. Il leur faut encore une immense chemise de nuit en pilon…

Temps : chaleur excessive
Santé : très bonne

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