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Le journal de mamie Paulette : 17 août 1942

sommaire du journal

Couture – Montoire – Vendôme = 61 km      total = 896 km

Ce matin réveil à 7h dans la grange. Nous avons dormi comme deux loirs en ayant eu malheureusement chaud, grâce aux 4 couvertures qui nous avaient été offertes. Nous avions dû nous relever pour refaire notre lit de paille. Maintenant nous saurons tout de suite le faire. Depuis notre coucher à 9h1/4 jusqu’à notre réveil, nous n’avons fait que dormir.

A la ferme nous prenons une grande tasse de lait au café, avec pain beurré. Pendant ce temps d’ailleurs le fermier absorbe un oeuf sur le plat, des prunes, et nous savons que des tranches de viande suivront.

Nous partons dans le brouillard pour trouver à déjeuner à Montoire. En passant à Trôo, je remarque l’annonce d’une grotte pétrifiante, mais nous ne nous arrêtons pas voulant être sûres de manger à midi. A Montoire nous arrivons vers 9h1/2 et nous retenons notre déjeuner. Nous pouvons alors enfourcher à nouveau nos vélos et retourner à Trôo. Nous visitons la grotte, montons dans un village haut perché en passant devant les troglodytes. Nous voyons un panorama magnifique sur la vallée du Loir, d’autant plus que le ciel s’est éclairci.
Un puits profond de 50m possède aussi un écho remarquable par sa netteté. Nous ne manquons pas d’y aller.

Puis c’est le retour à Montoire et la visite de ses ruines. De là-haut encore, magnifique panorama sur la ville et les coteaux environnants. De là nous retournons au restaurant, sans doute catégorie C, dont nous goûtons la clarté, la fraîcheur et le confort.

tomates en salade / lapin / purée / raisin

Le tout agréable, sauf peut-être le raisin. Heureusement que, pressées par la faim, nous avions acheté prunes et poires avant le repas. ce qu’il en reste sert à compléter le repas. En cela nous faisons comme de nombreux pensionnaires (certains se plaignent du lapin trop souvent servi !..
Il est vrai qu’un hôtelier avait dit à Jeannine qu’il ne pouvait plus préparer de repas, car il n’avait pas de légumes ! A tous ceux-la nous souhaitons intérieurement un séjour à Paris.

Vers 2h, un peu avant, nous arrivons aux PTT de Montoire. Il nous faut attendre l’ouverture, et la demande de notre numéro passe à 2h10. Nous attendons qu’on veuille bien nous annoncer qu’il est possible de nous rendre dans la cabine. Nous nous y précipitons toutes deux.

Ensuite nous partons à Vendôme. Sur la carte, la route est ombragée d’une ligne verte. En réalité seuls les allemands qui montent des poteaux télégraphiques peuvent nous donner de l’ombre. C’est bien peu ! Et il fait chaud au soleil à 3h et 4h.

Depuis ce matin une idée nous travaille : celle d’entrer dans les fermes et de demander au moins du fromage. Deux jeunes gens avec qui nous avons visité Trôo nous ont déclaré, obtenir assez bien en faisant cela. Maintenant que nous avons couché dans une grange cela nous semble plus faisable qu’autrefois.

En effet, avant d’arriver à Vendôme, nous osons demander à une brave vieille. Elle n’a rien à nous vendre, mais nous signale qu’après Vendôme, il y a beaucoup de chèvres et que nous trouverons plus facilement. Elle nous annonce aussi que Vendôme est occupée et que nous n’aurons sûrement pas de chambre. En effet des hôtels entiers sont réquisitionnés et nous, pensons continuer notre route. En la cherchant nous passons devant une auberge de piteuse apparence. Jeannine y entre et en ressort en demandant où il faut garer nos vélos ! Ainsi nous avons bien une chambre dont nous remarquons tout de suite le plancher carrelé. Là, au moins, pas de puces à craindre. Nous déposons la moitié de nos colis et partons sur la route de demain à le recherche de fermes dispensatrices de fromage. Un petit chemin nous conduit jusqu’à une brave femme qui nous vend plusieurs fromages de chèvre frais … et 2 oeufs ! C’est pleines de joie et de respect pour notre récolte que nous revenons vers Vendôme. Nous pensons qu’avec des fruits, nous ferons ce soir un merveilleux dîner. Mais fruitières et crèmeries sont toutes fermées. Comme alors le dîner me semble maigre je décide que nous dînerons à l’auberge.
En entrant à 7h comme nous avons très faim, nous dévorons un petit fromage avec un morceau de pain.
A 8h c’est le dîner :

Bouillon gras / tripes et boeuf / omelette aux champignons / brie

Quel repas ! Et si c’est le prix affiché ce n’est vraiment pas cher. Malgré notre vin et presque un litre d’eau nous avons encore soif.
Notre chambre n’est pas luxueuse mais confortable.
Nous avons l’eau à volonté et nous espérons ce soir encore bien dormir.

Temps : très beau l’après-midi
Santé : quelques rares cloques apparaissent sur les bras de Jeannine. Quant à moi je commence à peler ! C’est bien la peine de brunir !

Omission :
1) Nous avons visité seules les ruines de Vendôme. Peu de choses à voir sauf un beau panorama sur la ville et ses environs..
2) Ce soir après le dîner nous nous sommes promenées dans le jardin de l’hôtel situé au bord du Loir. Nous y avons trouvé les anciens propriétaires. Le monsieur nous invita à secouer un prunier, mais aucun fruit n’en tomba. Comme nous disions à la dame que nous n’avions trouvé aucun fruit dans le pays, elle nous vendit 1 kg de prunes au prix d’une livre.
3) Nous avons fait cuire nos oeufs durs de façon à pouvoir les transporter sans inconvénients et à les trouver tout prêts lorsque nous voudrons les manger.

 

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