Retour à Le journal de mamie Paulette

Le journal de mamie Paulette : 15 août 1942

sommaire du journal

Tours – Château-La-Valière – Château du Loir = 50 km      total = 742 km

Réveil à Tours. Nous nous préparons au départ sans être encore fixées sur le chemin à prendre. La seule chose dont nous sommes certaines c’est qu’il va falloir rouler dans Tours pour mettre notre paquet à la poste. Et pour cela il nous faut un rude courage car les rues d’Orsay seules peuvent être comparées à celles de Tours.

Enfin, en quittant l’hôtel, nous prenons la décision d’aller à Château-La-Vallière où un match de tennis a lieu.
Nous pensons que les hôteliers auront prévu l’arrivée de beaucoup de monde.

Sur le pont de Tours, qu’il nous faudra repasser, j’ai l’impression de traîner une remorque pleine de vieilles ferrailles. Pendant que Jeannine est à la poste, je constate que mon garde-boue arrière se dévisse. Une fois l’écrou resserré, il n’y a plus que l’avant qui grince. C’est déjà mieux.

Enfin nous prenons la route qui ne cesse de traverser des bois. Le ciel qui était très bleu ce matin devient gris, mais l’air reste chaud et il fait très bon rouler. Nous pensions rencontrer sur notre chemin quantité de touristes amateurs de match, mais ils ont dû tous prendre le chemin de fer.

Jusqu’à Château-La-Vallière les bois continuent et nous faisons notre entrée dans la ville avant 11h. Immédiatement nous cherchons un restaurant, faisons tous ceux de la ville sans trouver ce que nous désirons. Force nous est faite d’acheter : pain, beurre, fruits, qui avec notre fromage, composeront notre repas. Puis, comme tout de même c’est fête et qu’il faut bien le marquer, nous achetons des gâteaux pour finir notre déjeuner. Nous cherchons un coin où nous installer quand, brusquement, le sac de prunes crève, et il nous faut ramasser nos fruits devant des touristes moqueurs ! Heureusement nous trouvons un petit coin et y dévorons nos provisions, non sans avoir essuyé nos prunes. Nous nous extasions sur la couleur de la pâtisserie et son goût agréable.

Nous reprenons notre route vers Château-du-Loir. Montées, descentes dans un paysage maigre, où se succèdent des petits champs. Maintenant toutes les graminées sont, non seulement fauchées, mais encore rentrées, aussi le chemin serait monotone si nous n’avions des montagnes russes. Puis, après avoir bien monté, c’est un beau panorama très bleu qui s’étend tout autour de nous. Suit une descente vertigineuse qui me laisse à peine le temps d’admirer un prunier magnifique. Pendant ces 2 km, Jeannine guette sa petite mallette que le vent de la course a retournée. Contrairement à ce que nous pensions aucune montée ne suit cette descente.

A 3 km de Château-du-Loir, nous voyons des gens endimanchés qui marchent tous dans le même sens, contraire au nôtre. Ils sont endimanchés et nous pensons qu’ils se rendent à une fête. Nous nous promettons d’y aller dès que nous aurons trouvé une chambre.

Arrivées à Château-du-Loir, nous voyons un monde fou dans les rues et craignons fort de pouvoir trouver un lit. Jeannine ne veut même pas rentrer dans le 1er hôtel qui se trouve sur notre chemin. J’y vais donc et j’obtiens une chambre dont nous prenons immédiatement possession.

Puis nous partons vers le centre de la ville à la recherche de quelque chose de bon.
1er arrêt chez un pâtissier où l’on fait la queue pour déguster des glaces : délicieuses glaces à la vanille et sûrement au lait entier, tant elles sont crémeuses.
Nous repartons vers quelque chose de plus substantiel, mais rien ne nous guide dans cette ville inconnue.
Heureusement les vêpres sonnent car il est 3h environ et, sans hésiter, j’entraîne Jeannine dans la direction d’où nous vient le son. Avant même de voir l’église nous trouvons un pâtissier : sablés, tartes au prunes, le tout fait d’une farine blanche que nous admirons tout haut. Il paraît que c’est de la farine de millet. Quoi que ce soit, cela est délicieux, bien meilleur qu’à midi.

Plus rien dans la ville ne nous intéresse, pas même l’église. Nous repartons hâtivement à 3 km d’ici, dépassant tous les gens que nous rattrapons. Il fait pourtant chaud, mais rien ne pourrait nous arrêter.
Arrivées sur le pont du Loir nous voyons qu’il s’agit d’épreuves de natation. Cela peut nous intéresser mais les 5f d’entrée par personne nous arrêtent. Nous sommes dégoûtées et entrons dans le bourg minuscule qui est juste à cet endroit.

Nous visitons une adorable petite église dont le plus beau est certainement la chaire et 2 autels sculptés dans une pierre blanche de la région (la même qu’à Amboise) pierre qui ne se patine pas.
Jeannine est fourbue et le verre de vin blanc que nous buvons à l’unique boutique de ce bourg, suffit à peine à la remonter.. Nous revenons doucement chez nous acheter notre pain (quel radin de boulangère) et aller aux WC. Ils sont encore très originaux et nous n’irons qu’à deux.

Puis c’est le dîner :
potage aux pommes de terre / boeuf / ragoût de légumes / salade avec pommes de terre / 2 pommes cuites (pas fameuses)

Pour compenser ce dessert je voudrais bien que la pâtisserie soit encore ouverte.
Quoiqu’il soit 9h nous partons dans le pays. Evidemment la pâtisserie est fermée, mais nous trouvons des prunes exquises.
C’est en les mangeant que nous revenons à notre chambre.
A signaler en passant que, presque chaque fois que nous prenons possession d’une chambre d’hôtel, Jeannine attrape une puce. Ce soir cela n’a pas manqué.

Temps : très beau
Santé : les cloques des coups de soleil se sont recollées pendant ces 2 après-midi de repos.

Translate »