Choses vues durant le séjour sacoches en Ariège….
Comme elle n’a pas l’intention d’être exhaustive, ni objective, ni quoi que ce soit en -ive (à part intuitive ou imaginative éventuellement), la Doudouce, elle a décidé de rapporter des moments vécus durant la dernière randonnée sacoches du 27 au 3 mai dernier sans souci de chronologie, ni de hiérarchie, ni de géographie.
Pour les choses sérieuses, chacun des 23 acolytes est libre de consulter sur openrunner, les parcours exemplaires et variés que Daniel avait concoctés.
L’ entrée en matière se fait nécessairement autour de bocks ou de limonades au café « l’atmosphère » sur la place centrale de Mirepoix. Les CTG arrivent au compte-gouttes mais s’y rejoignent, c’est incontournable. Un centre-ville tout en arcades et en boutiques obscures, en maisons à colombages à têtes sculptées, en brocanteurs installés à demeure, avec manège d’autrefois et vendeurs de glaces bleues (des stroumpfs, précise Bernard V., très au faîte de la question).
Des kilomètres sur voies vertes. Au fil des changements sociétaux, les trains de campagne ont perdu des galons mais les petites maisons des gardes-barrière annoncent toujours un stop, que le doudou franchit à sa guise, en marquant un sensible ralentissement. Qui l’aime lui fasse confiance, heureusement les petites routes coupées sont peu fréquentées.
La grotte du Mas d’Azil, ça c’est une vraie curiosité, un porche gigantesque de plusieurs centaines de mètres que traversent une belle départementale goudronnée, un GR qu’emprunte bon nombre de CTG, la rivière de l’Arize et une rampe lumineuse qui ne convaincra ni Danie, ni Christine d’aller voir de l’autre côté. A moins que le tampon d’un bistrotier du Mas dAzil ne les ait retenues sous le dessin de ses encres. Marick, spécialiste des changements d’allures qui lui permettent de passer de la queue à la tête du peloton ou inversement, réussit le tour de force de piqueniquer d’un côté de la grotte et de prendre le café avec ses copines.
Comme à l’habitude, Bernard D. tire sa carriole qui ne gémit jamais sauf quand il la trimballe sur des chemins de traverse et cela arrive nécessairement au moins une fois dans tout bon périple (pour les initiés et on l’est assez rapidement, cela s’appelle une cattinade).
C’est le cas, lorsqu’aux abords du château cathare de Rochefixade, une bonne moitié de la troupe coupe par un raidard.
Lequel raidard se complique de boue et d’ornières comme Marie n’en avait jamais vues sous les roues de son vélo.
La bonne humeur de Steve Waring met tout le monde pied à terre avec les grenouilles et de l’autre côté d’un collet, on essuie les pneus en roulant dans l’herbe verte des prés, puis sous la fontaine du premier hameau venu ou en faisant trempette dans le ruisselet.
Dans la ville de Foix, il était une fois, sous une grande halle, un marchand de glaces qui s’empêtrait fort dans toutes ses commandes. Il nous dit, ma foi, c’est la première fois que des cyclos tous à la fois s’en prennent à mes parfums de choix. Mais on sait vivre au CTG, et surtout profiter du temps quand il est beau et bon !
Quand le ciel s’ennuage, il ne reste que 5 vaillants à vouloir affronter un grand parcours et 5 cols. (D’ailleurs, Pascal, qui a des lettres de son enfance, envisage un nouveau tome d’aventures pour le club d’Enid Blyton…) Partis pour n’en affronter que 4, ils goûtent au brouillard et à l’ambiance austère des plateaux ariégeois. Ce département peu peuplé est franchement désert sur les hauteurs. Ils déjeunent près d’un buron, entament les plats descendants ou montants (c’est un peu flou dans la brume) du col de Portel, puis coulent dans de longs lacets qui grignotent les freins à disque de Gigi. Quand ça sent un peu trop le caoutchouc brûlé, Pascal est là, qui veille au grain. Et les 5 repartent à l’assaut du col de Saraillé, puis encapent vers la vallée d’Oust sans lésiner sur les arrêts-photos. Les granges en pierres à sauts d’oiseaux de Cominac laissent à Jules quelque nostalgie du Vercors.
En tout cas, les 5 ont respecté l’intégralité du parcours annoncé, ce qui laisse Daniel et Joëlle, partis à la rencontre des courageux grimpeurs en perdition. Mais l’est-on jamais quand on part en amoureux ?…
L’hôtel de la poste à Oust où le CTG reste 2 nuits, exerce les charmes surannés de ses chambres biscornues à bidets et baignoires (quand les gens étaient bien plus petits qu’aujourd’hui), sa haute cheminée et sa table gourmande. Les soirées se prolongent avec les coincheurs de plus en plus assidus, Bernard et Evelyne, Jacques, Pascal et les doudous. On compte les points sérieux, on bluffe, on coinche, surtout on rit malicieusement, bien contents de retrouver ce temps où l’on s’attardait car il n’y avait pas de télés dans les chambres ni de portables dans les mains.
Pas de relâche pour Raoul, Jules et Jacques qui partent matinalement à l’assaut de nouveaux cols. Ils reviennent douchés, frigorifiés et froissés d’autant que les promeneurs de l’après-midi, après un copieux et délicieux repas, se baladent à pied ou en vélo, sans une once de pluie. Les doudous se trouvent à l’improviste à la rencontre de Bernard M. qui rejoint le groupe avec des sacoches allégées.
On quitte la charmante hôtelière qui prend une photo des héroïques compagnons. Ce sera pour son livre d’or. On file en file indienne comme le prescrit Denis, le long de l’Arac jusqu’à Massat, bourgade assez hideuse pour paraître plus désertée que les autres. Les uns suivent Patrick, les autres Daniel et montent jusqu’au col de Port de Lers, cueillent les premières gentianes toutes frileuses en guise de premier mai. Et l’on se retrouve aux Cabannes dans un centre de vacances. Pierre Perret n’est pas loin, chantonne Pascal, ça nous rajeunit mais on est joyeux, surtout quand Gigi et Marie annoncent qu’elles ont commandé l’apéro ! Les bières sont livrées, fraîches à souhait, et le traiteur qui prend la suite, nous dispense de vaisselle.
Dès qu’on peut quitter un axe départemental pour une route communale voire vicinale, Patrick et Daniel sont à la fête. Qui veut voyager loin ménage sa monture et s’attarde dans les villages. C’est ainsi qu’une jardinière ensemençant des toisons, raconte qu’elle ne les vend plus, qu’on ne tricote plus (seule Gigi brode encore, mais ce n’est pas de l’usuel, c’est la dentelle de l’art), alors elle les épand pour empêcher la repousse et pour nourrir sa terre. Et comme Jules craint qu’elle n’attire les loups, celle-ci rectifie, ici, ce ne sont pas les loups mais les ours qui empêchent les bergères de filer la laine.
Le col de Marmare, on va tous y grimper par la pente la moins raide. Mais la montée est ponctuée d’un rassemblement au belvédère d’où l’on aperçoit la carrière de Trimouns et les wagonnets qui descendent la pierre de talc jusque l’usine de Luzenac. D’une cueillette de morilles pour le chanceux Bernard D. qui les fait pauser devant Bernard M. Seul le trio insatiable JRJ s’adjuge 200 mètres supplémentaires en franchissant le col de Chioula et ses plateaux nordiques à perte de vue. La descente est guillerette et sublime dans les gorges de Rebenty et les défilés de Joucou et de la Pierre Lys. On s’en donne à cœur joie, Catherine et son vélo neuf qui roule plus vite dans les descentes que dans les montées, Fabienne qui a trop l’étirer, a perdu sa sciatique et c’est tant mieux, Bernard et Jeannot, les frères sans peur et sans reproche. Et l’on débarque à Quillan, en plein garage de cirés, de canoés et de pagaies.
L’Ariège est un territoire de routes à vélo mais tout autant d’eau, rivières ou ruisseaux rieurs ont agrémenté tous nos parcours.
Pour les CTG en peine de vrai tourisme, une escale s’est imposée au musée de la chapellerie d’Esperaza. Le guide, passionnant et passionné, nous a plongés dans l’histoire d’une industrie florissante qui s’est presque éteinte. En témoignent les casques ou les casquettes portés par la plupart des nôtres (ceux qui prennent moins de risques ou qui veulent être en règle).
Heureusement Marie a eu le délicieux caprice de s’offrir une capeline dont j’ai cru la voir coiffée, pédalant bien droite sur un vélo à panier, entre les coquelicots, comme dans une photo de Doisneau.
La dernière étape se termine par la magnifique route panoramique de la Leude…
Parfois la chronologie s’impose quand elle finit en beauté :
Dans l’hôtel des minotiers à Mirepoix, nous avons bu copieusement pour arroser la fin de notre rando parfaite, remercier nos organisateurs et fêter l’anniversaire d’un des plus précieux instigateurs de ce genre de périples, Daniel, né un 3 mai, ça ne s’oublie pas…
TEXTE écrit par Evelyne Dumont
PHOTOS Daniel Cattin
3 Commentaires
Cette prose ne fait qu’amplifier mes regrets de n’avoir pu partager ces moments avec les heureux visiteurs du pays d’Olmes, haut lieu du mouvement cathare en bordure du piémont pyrénéen. Au plaisir de vous retrouver.
Auteur
Merci Jacques pour ce commentaire, et le groupe regrette aussi de n’avoir pu partager les belles routes d’Ariège en ta compagnie !!
Merci pour ce super compte-rendu de la semaine Rando-sacoches dans l’Ariège et l’Aude.
J’aurais beaucoup aimé être de la partie vu que j’ai commencé ma carrière à Foix et que les parcours proposés réveillaient plein de bons souvenirs. Merci.