La V 62 avance…

Et comme elle avance en progressant vers l’aval, cela devient de plus en plus intéressant pour les dauphinois. Nous venons de constater deux progrès récents :

Pose de l’enrobé sur la section Cruet-Arbin

Cette avancée qui date de mercredi dernier (29 mars 2023) est vraiment majeure. Il va être désormais possible pour un cycliste de faire le trajet Albertville-Montmélian avec un dénivelé voisin de zéro, ce qui n’était jusqu’alors permis qu’en utilisant les peu recommandables D 1006 et 1090. On profite de plus d’un itinéraire très agréable, en majeure partie interdit à tout trafic motorisé, et les quelques portions en “partageons la route” sont très peu fréquentées.

La V 62 à son arrivée dans la Z. I. d’Arbin

Pour l’instant l’accès à ce dernier secteur est fermé (assez symboliquement) par des barrières de chantier, en attendant les marquages au sol et les panneaux de signalisation. En principe, un panneau placé côté Arbin dès l’automne, visible sur la vue ci-contre, annonçait la fin des travaux pour Décembre.  Le décaissement avait  bien commencé à l’automne côté Cruet, où il n’y avait auparavant aucune piste, mais le père Noël a pris du retard en route. Le panneau lui-même n’est pas terminé, le montant des travaux n’ayant pas été renseigné. Cette section était néanmoins nivelée et empierrée assez finement pour qu’on puisse la parcourir sans difficulté avec un vélo de route depuis plusieurs mois. Ce retard

Le début de la nouvelle section au niveau du monument aux morts de Cruet

pouvait faire craindre un incident analogue à celui qui a retardé l’achèvement de la V 62 sous Fréterive (voir paragraphe suivant). En attendant, l’arrêt en 2021 de cette voie cyclable au niveau du monument aux morts de Cruet a permis à de nombreux cyclos de découvrir le sympathique chemin vicinal qui, par les Cellières, rejoint en pente douce la route des vins (D 201) au niveau de Cruet – La Chapelle. Ils pourront aussi obtenir le même résultat en empruntant la D 11 (qui monte un peu plus) que la nouvelle section traverse. Cette route et le chemin vicinal précédent étaient jusqu’alors de peu d’intérêt et à peu près inconnus des cyclos, car leur seul débouché goudronné côté plaine était la D 1006. Un autre débouché (encore bien incertain) de la V 62 dans ce secteur pourrait être le “pont des Anglais” qu’on aperçoit en haut à gauche de la photo précédente. Menacé de destruction mais défendu par plusieurs associations locales, cet ancien pont ferroviaire¹ pourrait être recyclé en voie de “circulation douce”. Il existe en rive gauche deux pistes non revêtues mais cyclables permettant de rejoindre les ponts de Montmélian et une route montant directement à Planaise.

Résolution du “problème de Fréterive”

Il a déjà été question dans un article précédent des difficultés rencontrées pour l’établissement de la chaussée de la V 62 sur la commune de Fréterive, en raison de l’opposition d’un habitant de la commune sur la propriété duquel elle devait passer. Le département de la Savoie est maître d’ouvrage pour la réalisation de la V 62, et à ce titre est chargé de la déclaration d’utilité publique (D.U.P.) lui permettant de se rendre propriétaire des terrains sur lesquels doit être établie la voie.

L’ancien “barrage anti chars” de la V 62 à Fréterive

Malheureusement, le département a oublié de faire figurer dans cette D.U.P. une courte portion de piste existante, appartenant au propriétaire en question. Lorsque les travaux ont commencé à cet endroit, cette personne n’a pas tardé à protester, notamment en coupant la piste au moyen d’une profonde et large tranchée entourée de deux levées de terre (on pouvait toutefois passer à pied à côté). La photo ci-contre ne rend pas bien compte de l’importance de cet ouvrage de défense. Les travaux ont été stoppés sur une section bien plus longue que la partie litigieuse et une déviation “V 62 provisoire” a été établie, en attendant qu’une solution soit trouvée.

Au même endroit, le 29 mars 2023 : La guerre est finie à Fréterive !

Cette situation a duré un certain temps, car il se trouve que le propriétaire concerné est un des plus opiniâtres négociateurs de la commune et qu’il refusait de baisser pavillon si on ne cédait pas à ses exigences, plutôt élevées. Assez rapidement, des usagers mécontents ont réagi, publiant notamment son numéro de téléphone, et notre homme recevait fréquemment des appels peu aimables. La situation menaçant de s’envenimer sérieusement, la gendarmerie a dû intervenir pour calmer le jeu… L’an dernier,  toute la portion non concernée restée en lacune a été revêtue. L’ultime portion, nivelée et gravillonnée depuis plusieurs mois, a finalement été dotée de son enrobé définitif le 29 mars dernier.

De nouvelles perspectives

Si la V 62 permet de faire beaucoup moins de dénivelé qu’avant, elle permet aussi d’en faire beaucoup plus, en alternant des montées et descentes entre cette voie et la route des vins. Il suffit pour cela  d’exploiter des “bretelles” issues de la D 201 précédemment inutilisables car débouchant sur la D 1006 ou nulle part. On a déjà cité la D 11 et le chemin des Cellières, mais il y en a d’autres. Au bout de la grande ligne droite en aval du rond-point Géoparc, la V 62 emprunte sur quelques hectomètres un chemin vicinal qui part vers le nord, puis elle part à gauche. Si on poursuit sur ce chemin, on peut rejoindre la D 201 à Bourg Evescal (passer sous la voie ferrée et prendre à droite). Sur la fin, vous avez une bonne excuse pour ne pas prendre tout droit la variante raide : elle est maintenant en sens interdit. Possible indépendamment de la V 62 mais assez peu pratiquée, une jonction entre le rond-point Géoparc et Albigny qui évite totalement la D 911 est également intéressante. En partant du rond-point vers le nord, on arrive rapidement à une fourche : à gauche, c’est entièrement goudronné mais passagèrement très pentu au passage sous la voie ferrée.  À droite, c’est beaucoup moins raide mais passagèrement non revêtu au voisinage du pont. Cyclable en vélo de route mais à fuir en période pluvieuse. Les deux variantes permettent de rejoindre “La Champagne”, puis  la D 201 à Albigny.  La déviation mise en place pour éviter le “barrage de Fréterive” (paragraphe précédent) permet aussi d’atteindre la D 201 au niveau du hameau du Villard. Cela coûte deux courtes raideurs (au passage de la voie ferrée et tout en haut), mais vous évitez la petite grimpette qui va du bas de Fréterive au Villard par la départementale. Il y en a vraiment pour tous les goûts !

La traversée actuelle de l’Isère par la V 62 sur le pont Cuenot

La prochaine étape cruciale (et essentielle pour les dauphinois) sera la construction de la  passerelle sur l’Isère prévue entre la digue et Alpespace, qui est en projet. La digue a retrouvé une partie de ses trous, en dehors des parties reprises en enrobé continu qui ont bien tenu. Pour l’instant la V 62 traverse l’Isère sur l’ancien pont dit “pont Cuenot” , du nom de l’architecte qui l’a conçu au XVIIème siècle. On l’appelle aussi “pont morens”, ce qui signifie “pont permanent” , par opposition à ses prédécesseurs que la rivière emportait régulièrement. Prononcer “moran”, pas “morince”. C’est la Savoie, ici !

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1. Au XIXème siècle, le premier tracé de la voie ferrée Culoz – Saint Jean de Maurienne empruntait ce pont, construit  par une société anglaise (Thomas Brassey) , d’où son nom.