Et, se souvenir d’une semaine sacoches en Ligurie !

A peine rentré de cette randonnée très réussie en Ligurie que certaines choses me sont revenues en mémoire. Mais oui ! Pour qui se souvient de la météo marine qui, au siècle précédent rythmait nos journées radiophoniques, la zone «Ligure» y avait tout autant sa place au même plan que «Ouessant», «Finisterre» ou «Maddalena». C’est finalement cette succession de  massifs ( les «Bric») à des altitudes de 1000 à 1500 mètres qui retiennent les nuages, de multiples vallons qui accueillent d’impétueux torrents, comme l’Orba, reliés entre eux par des cols (les «Passo») tant appréciés des CTG, qui influenceront la météorologie du lieu. 

Tout cela pour mettre en exergue la gestion des aléas climatiques au cours de la semaine. Et c’est toute la science en la matière de Daniel qui nous aura permis d’y arriver sans souci alors que sur les 7 itinéraires quotidiens prévus initialement, ce ne sont que 4 journées (J1, J3, J6 et J7) qui auront au final satisfait au plan prévu. J’en profite ici pour souligner le travail du serre-file, Denis, qui aura oeuvré avec un certain sens du «sacrifice» dans des conditions parfois dantesques (mais ne sommes-nous pas dans la patrie de Dante?).

Mais revenons à notre périple.

Nous sommes donc partis d’un refuge, ou plutôt d’un ranch à la frontière du Piémont et de la Ligurie sur la commune de Camerana. Ce refuge doté d’un double patronyme : Refugio La Pavoncella ou Refugio della Bistecca (du bifteck) .

Véganes s’abstenir

Tout un programme que nous avons validé le soir même avec un système original de distribution du Vino Rosso local et un service «aux petits oignons».

Distribution pratique discrète de vin au verre

Ce furent des conditions optimales pour fêter l ‘anniversaire de notre responsable du séjour. Joyeux anniversaire Daniel !

A noter qu’en fin d’après-midi, certains dont votre serviteur avaient testé, sans sacoches il est vrai, les premières pentes et vicissitudes climatologiques (26 km et 550 m de dénivelé quand même et quelques millimètres d’eau); mais c’est bien sous le soleil que cette superbe semaine aura débuté.

(J1) Un échauffement de 58 km et 1200 mètres de dénivelé dans un profil de montagnes russes, sur les pas des généraux de la 1ère campagne d’Italie de1796-97. Une campagne menée par le Général Bonaparte contre les armées autrichiennes, du Piémont et leurs alliés qui aura laissé des traces dans les rues de nos villes (Castiglione, Arcole ou Rivoli). Après une rapide regroupement à Scagnello,

Etape circuit européen VAE

 c’est à Batifollo sur les traces de Masséna que nous avons découvert une superbe épicerie/auberge d’étape : Biscottificio Primo Pan, pour notre 1ère pose déjeuner avant de repartir sous un ciel menaçant pour le premier col répertorié de la semaine (Colle del Giovetti- 916 mètres) avant de descendre sur Calizzano réputé pour l’exploitation des champignons (autre effet collatéral, certainement des dispositions climatiques) et une usine d’embouteillage d’eau minérale naturelle ou pétillante (dont nous allions pouvoir à chaque étape en vérifier la qualité).

Des CTG prêts à mettre le feu aux poudres dès arrivés en cette “place aux allumettes” de Calizzano

(J2) Pour une dernière journée dans le Piémont avant de basculer sur la Ligurie, une certaine fraîcheur et grisaille allaient nous donner le tempo de ce début de séjour. Un taux d’humidité certain enveloppera la petite troupe pour atteindre le premier col de la journée avec une ascension de près de 600m et découvrir les installations militaires du Fort du Melogno. Ce fort date de la toute fin du XIXième siècle et assurait la sécurité du Bas-Piémont et des Apennins face à une éventuelle menace venant de la côte.

Et voilà une semaine Sacoches qui s’annonce bien !

Une seule question en tête dans la descente du col: A quel moment prendrons-nous la 1ère rincée du séjour? La réponse finalement fut claire nette: BIentôt : Dès le  point le plus bas, avec de très grosses gouttes, à Romana; mais Alleluia !!une auberge au doux nom d’«El Lago» avec des abris en terrasse permettant d’y abriter nos montures “nous attendait”.

Choix cornélien du jour : On s’arrête et on attend l’amélioration ou on file pour devancer les intempéries ?

Avec une pluie redoublant de vigueur, décision prudente fut d’y réaliser une vraie pause déjeuner, au chaud, pour un menu type menu ouvrier ou routier avec Primo, Segundo et Contorno et boisson au tarif apprécié de 11€, notre président prenant l’option Dolce que tout le monde aura traduit.

Décision tout aussi prudente fut de réduire l’étape en zappant Montfreddo et Pallare (remplacé par Mallare, vous suivez?…) et rejoindre directement les belvédères de la côte ligurienne par une succession de petits cols anecdotiques que le chasseur portera cependant dans son tableau. Les conditions climatiques s’amélioraient au fur et à mesure de l’approche de la Méditerranée. Ceci étant, la voie prévue n’était pas toujours sûre.

En tout cas, pas assurés d’avoir fait le bon choix !

Mais pour retrouver la mer, le CTG n’a peur de rien

Heureusement, le temps était quasi revenu au sec pour rejoindre l’hôtel de Celle Ligure non sans avoir validé l’étape Costa Croisières de Savonna à l’ombre du Costa Diadema.

La croisière s’amuse

C’est à l’occasion d’un moment de détente « en ville » à l’arrivée que nous avons découvert le “Cattin” local, à savoir le producteur de vélo  “Olmo”.

(J3) A peine le temps de sécher non sans avoir profité d’un honorable dîner dans un environnement très contraint Covid et ambiance fin de congrès dans un hôtel soviétique, que nous allions devoir nous attaquer à la journée-clé, voire mémorable du séjour. Tout semblait bien parti avec une mise en jambes iodée d’une petite trentaine de kilomètres, en bord de mer sur la Lungomare (et ses tunnels) jusqu’à Voltri en banlieue de Gênes. Une mer claire, vert gris…comme le ciel et ces nuages accrochés aux hauteurs

A peine le temps de s’échauffer, au sec, qu’allait débuter une ascension en 2 temps de plus de 1000 mètres avec les premières gouttes. Dans une humidité prégnante, nous avons réalisé une 1ère étape en ayant aucun doute sur ce qui allait nous attendre. Il suffisait pour cela de lever les yeux vers les cimes du Massif de la Beigua dont le sommet culmine à 1 287 mètres) et de prendre la mesure de la densité et la couleur des nuages qui y étaient fixés. Le passage du col du Turchino dans la foulée d’une pause déjeuner improvisée dans une courbe abritée fut finalement anecdotique. Les jours se suivent et ne se ressemblent pas.

Ce n’est qu’ensuite que les choses se sont compliquées pour l’équipée qui se sera dispersée façon puzzle dans la montée. Un premier petit groupe (Marick, Jo,Jean, Pascal et moi-même) prévenu des conditions à venir par un autochtone en voiture qui eut une moue significative lorsque nous lui avons indiqué que nous allions nous «attaquer» au col du Faiallo pour un + 500 mètres sur 10 km ; chiffres modestes mais dans un brouillard presque givrant avec une température ayant chuté à 5-7 degrés avec un vent du Nord très présent et plutôt de face. Peu d’images pour graver ces moments ou frigorifiés,

Courageux photographe et notre Président en éclaireur

Les souvenirs seront dans les têtes et animeront toutes nos discussions de cyclotouristes pour les prochaines années….

Trempés et chacun pour soi nous avons basculé et dévalé sur 14 kilomètres la vallée du torrent Orba pour rejoindre Martina Olba, sains et saufs et merci encore au serre-file dont nous avons mesuré ici le «professionnalisme». Dans la descente le claquement des dents de certains couvrait le cliquetis de la roue libre et le ruissellement de la pluie et pédaler restait le seul moyen de ne pas craindre un blocage par le froid de genoux.

Véritablement épique, je vous dis!

(J4) Une Journée de repos/séchage/nettoyage/mécanique bien méritée.

Malgré une relative amélioration des conditions atmosphériques, les 2 parcours envisagés par Daniel n’ont pas trouvé preneur. Certains ont préféré dérouiller leurs articulations dans une promenade dans les environs du bourg à la découverte d’un belvédère bien secret,

d’autres se sont échauffés esprit et doigts dans une partie de belote coinchée endiablée. D’autres encore ont quand même chevauché leur monture, ponctuellement allégée des sacoches, pour découvrir la vallée de l’Orba en aval. Sous un timide rayon de soleil, force fut de constater les effets de la tempête Alex qui dans la nuit de 2 octobre 2020 avait dévasté la vallée de la Roya en France mais aussi la Ligurie et en particulier cette vallée de l’Orba.

Sur la «route menant à Olbicella en aval, ce fut comme s’il y avait 2 lits de rivières séparés par des blocs de roche gigantesques et des forêts de tronc d’arbres couchés!! On pouvait deviner la violence les torrents affluents dans ce vallon sauvage, pourtant bien paisible en ce jour de mai 2022.

(J5) Refroidis par la dernière journée dantesque et des prévisions peu avenantes pour la journée, nous allions décider, en ce jour du seigneur, de nous exonérer de certaines des difficultés et surtout de ne pas trop s’éloigner du pont de chute Sasello, certainement un des plus intéressants villages de Ligurie et du Parc de la Beigua.          

Que ce ne fût pas le choix du lieu pour la journée de repos…..avec sa piscine si avenante.

Mais en attendant, ce fut une étape raccourcie d’une bonne vingtaine de kilomètres pour la quasi totalité de la troupe. Nous avons cependant traversé une partie du Parc Naturel contournant ainsi la vallée de l’Orba non sans avoir franchi un sympathique col, le col du Bric Berton relativement sélectif et essuyé quelques inévitables gouttes pour la pause déjeuner…cela devenait une habitude, me direz-vous ! Tout comme la solution abritée trouvée à Cimaferle:

Les stakhanovistes de la pédale

De fait, en avance sur le timing et avec un soleil qui avait fait sa réapparition, quelques-uns décidèrent d’accomplir, dès les sacoches déposées à l’hôtel, une boucle complémentaire (le tour en fait du massif forestier della Deiva) de sorte à récupérer les kilomètres manquants au programme pour un compteur journalier de 68km au final.

Un bon moyen de profiter sans état d’âme du dîner arrosé (une fois n’est pas coutume) par un excellent vino rosso Barbera d’Asti, millésime 2017 titrant 15°5 quand même!

Plutôt clairement un menu gastronomique préparé tout spécialement pour les CTG,!

 traduit en français (que je ne peux m’empêcher de vous faire partager).

(J6) Il fallut bien une promenade digestive à Sasello en soirée pour dissiper les excés et se préparer à l’avant dernier jour du séjour qui allait nous mener à Cairo Montenotte.(petite ville que j’avais découverte avec Pascal dans de mauvaises conditions et par le mauvais côté 5 jours avant).

Non sans avoir douté un moment du boss :

 

On ne peut pas toujours s’attabler dans une trattoria !!

Ce lundi, dans le respect des écritures et sous un soleil peut-être encore un peu timide, la troupe pouvait prendre toute la mesure de la région avec des points de vue somptueux au gré d’une ascension sans concession pour un pique-nique dans un espace prévu à cet effet, mais malheureusement livré au caprices d’un vent toujours présent à proximité de Brallo.

La fin de cette étape se voulait une route quasi en balcon dans un profil encore une fois de montagnes russes bien casse-jambes en cette fin de séjour. Une étape qui nous permit enfin d’embrasser du regard toutes les spécificités de la Ligurie : une succession de petits massifs, de vallons, de villages avec souvent en leur centre une église et son clocher.Puis ce fut la longue descente vers la vallée industrieuse de Cairo Montenotte pour un retour « à la vraie vie ».

(J7) Last but not least, le lendemain marquait le retour vers:

La journée débutait par une visite, certes tardive, de la partie historique et centrale de Cairo Montenotte. Il n’est jamais trop tard pour jouer les touristes.Le beau temps était de la partie et toute la troupe avala dans la bonne humeur et avec plaisir les quelques difficultés avec en particulier une grosse séquence photos au Rocco Vignale

Hervé, roi de la récup, pouvait y poser devant sa monture

Sous le regard goguenard d’une partie de la troupe

Il fut décidé à la majorité que malgré le charme de l’endroit, nous finaliserions  l’ascension du jour pour la pause de mi-journée sur les hauteurs de Montezemolo.

Si le séjour touchait à sa fin, il restait quelques dénivelés pour rejoindre le ranch, tant et si bien que dans la partie finale certains grisés par une descente de bon aloi trouvèrent le moyen de faire un A/R de 3 km pour 200 mètres supplémentaires. Cela sentait définitivement l’écurie lorsque 5 fondus décidèrent de rentrer par une véritable cattinade.

Moment de doute ?

Cattinade prévue ou pas, je ne suis sûr de rien, car à l’altitude fatidique de 720 mètres, il eut plusieurs options , objet d’un débat très chahuté.

Résultat des courses: si une majorité disciplinée atteignit, il est vrai, le ranch 20 minutes avant les fondus ; ceux-ci voulaient tellement prolonger le plaisir autour de Camerana

Merci encore à Daniel, Denis et l’ensemble de la troupe pour sa bonne humeur. Et la réussite de ce séjour riche en émotions.

2 Commentaires

    • CATTIN Daniel sur 19/05/2022 à 11:39
    • Répondre

    Super article Jacques !! Bravo ..
    Bien détaillé, pas trop long, et avec de belles photos qui nous rappellerons les bons moments de cette rando sacoches. Comme tu l’as souligné, malgré le mauvais temps, l’ambiance à été excellente et j’en remercie tous les participants !!

  1. EPIQUE! Toujours amusant de lire vos Aventures et de découvrir les sites parcourus. L’anniversaire de Daniel semble avoir été bien arrosé. Happy birthday Daniel. Bravo amis cyclistes!

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