Un peu d’histoire et de géographie au sujet des cols du BRA 2023

 

Par Gérard Galland
Avec les contributions de Jules Arnaud

Quelques photos et cartes

Col de la  Croix de Fer (FR-73-2064a)

 

Il doit son nom actuel à l’imposante croix en fer qui trône à son sommet. Celle-ci a été vandalisée en 2016 puis reconstruite par la commune de Saint-Sorlin d’Arves.

  • Au col, versant ouest  se trouve la source de l’Eau d’Olle (affluent de la Romanche), c’est pourquoi ce col était autrefois appelé le Col d’Olle.  A l’est, puis au nord, la vallée des Arves
  • Ces deux versants sont dans le département de Savoie. La limite Isère / Savoie est située au Pont du Rieu Claret (1730 m)  à 6,3 km du col.

 

 

Pourquoi la limite Isère Savoie n’est pas sur la LPE Arc / Isère ?

    • Selon « oisans.com »: Jusqu’en 1860 le col du Sabot marquait la frontière entre la France et la Savoie. Vaujany, sur la route des cols, était alors équipé d’un poste de frontière pour protéger la province du Dauphiné.  … / …Là où s’étend aujourd’hui la retenue de Grand’Maison, autrefois de vastes alpages étaient partagés entre français et savoyards. La Grand’Maison était une grande bâtisse pour loger les bergers. Information complétée par « Isère-Tourisme » : Derrière le col du Sabot, se trouvait un poste frontière, dont quelques ruines existent encore.
    • Selon ChatGPT (qui ne site pas ces sources) : « La région des cols de la Croix de Fer et du Glandon est une zone d’alpages où les paysans savoyards et dauphinois ont pratiqué l’agriculture pendant des siècles. Les habitants des deux côtés de la montagne avaient des relations étroites et partageaient souvent les pâturages et les terres agricoles.

Lorsque la frontière a été définie dans le cadre du Traité de Turin de 1860, il était important de minimiser les perturbations pour les populations locales. Fixer la frontière sur le Rieu Claret, un cours d’eau clairement identifiable, a permis de maintenir les droits d’usage traditionnels des paysans des deux côtés de la frontière. »

Côté Savoie, pendant plusieurs siècles, seul un chemin muletier menait au col. Il a été transformé en route en 1900, d’abord de Saint-Sorlin-d’Arves jusqu’au col, puis en le prolongeant jusqu’au col du Glandon  (inaugurée le 14 juillet 1912).

Côté Isère la route a d’abord été construite pour rejoindre le col du Glandon en 1898. Elle a subi à la fin du XXéme siècle deux modifications :

Un changement du tracé de la route est intervenu avec la construction du Barrage de Grand-Maison de 1978 à 1985. La route passe en léger surplomb du lac ((une cinquantaine de mètres) avant de se rapprocher par une légère descente du cours de l’eau d’Olle.

L’éboulement de 1989 provenant du Pic Bunard ; à droite la nouvelle route passant en rive gauche de l’Eau D’Olle, qui se dirige vers le Col du Glandon. À droite de la photo, la montagne du Rissou, dominant le défilé du Maupas
Source : forayrandobrie.free.fr/Belledonne

 

Le 23 avril 1989, un éboulement provenant du Pic Bunard  (300 à 400 m3 de roches) a emporté la route (rive droite de l’Eau d’Olle) au-dessus du Rivier d’Allemond au niveau de la cascade de Maupas. La route a été reconstruite sur la rive gauche sur 2 km, avec une descente (62 m en 600 m) pour traverser le torrent puis une remontée assez raide (11% pour le premier kilomètre). L’ancienne route est encore visible le long du flanc de la montagne rive droite. (C’était une année avec Marmotte et BRA.  Une nouvelle route a été construite en 2 mois ! un miracle de décision).

En Isère la D526 part de Rochetaillée au pied de la montée, elle devient D926 en Savoie jusqu’au col puis Saint Jean de Maurienne.

Col du Glandon (FR-73-1924)

 

Il n’est pas sur le parcours du BRA mais seulement à 250 mètres de celui-ci. Le croisement au départ de la route (altitude 1907 m) est à  2,6 km du sommet du Col de la Croix de Fer. Le chasseur de cols ne manquera pas le détour.

  • Il est situé sur la LPE entre l’Eau d’Olle et la vallée des Villards (torrent du Glandon affluent de l’Arc).
  • Ces deux versants sont en Savoie (Commune de Saint-Colomban les Villards).

A l’époque Romaine, le col du Glandon permettait (lors des saisons chaudes) le passage de l’Oisans à la Maurienne, en redescendant par la vallée des Villards. La route du col a été ouverte en 1898. A compter de 1912, on pouvait enfin rejoindre directement St Jean de Maurienne grâce à la liaison avec le col de la Croix de Fer. Aujourd’hui c’est la D927.

 

Col du Mollard  (FR-73-1638)

 

Contrôle BRA au col du Mollard en 2009

Le toponyme Mollard  provient du latin molarum qui désigne un hameau installé « sur un mamelon — un sommet arrondi d’une colline/montagne — ou un petit plateau ».

Ce col a été escaladé par les participants au BRA pour la première fois en 1979.

  • Au nord comme au sud, coulent des torrents affluents de l’Arvan (affluent de l’Arc).
  • Il est  situé sur la commune d’Albiez-Montrond (Savoie),

 

 

Au nord la D80 rejoint la route de la Croix de Fer –D526  (St Jean de Maurienne – Saint Sorlin d’Arves) au pont de Belleville (1228 m). Au nord la D80, passe à Albiez-le-Vieux, et  après Albiez-leJeune emprunte les lacets de Villargondran pour rejoindre la Maurienne

Après Albiez-le-Vieux, de précédentes éditions du BRA ont emprunté la D110 qui passe par :
La Cochette (FR-73-1355) et Le Collet (FR-73-1150)
et rejoint la vallée de l’Arvan. Cette route à été emprunté pour la première fois en 1979,  dans le sens St Jean de Maurienne – Gévoudaz – Albiez Montrond.  Pour les « puristes » à noter que – bien que noté sur la D110 dans le catalogue du CCC – La Cochette est légèrement au nord de la D110, au centre du hameau éponyme (voir CCWay – Google Earth).

 

Col du Télégraphe  (FR-73-1566)

 

Le col est appelé ainsi en raison d’une tour du télégraphe de Chappe, à bras articulés, construite en 1807 au bord de la falaise. Le fort du Télégraphe à proximité du col profitait pleinement de sa position stratégique au-dessus de la vallée de la Maurienne.

  • Il est situé sur une LPE entre affluents de l’Arc  dont la Valloirette à l’ouest.
  • Ces deux versants sont en Savoie.

La D902  relie Saint-Michel de Maurienne à Valloire en passant par le Col du Télégraphe.

L’itinéraire routier lors des BRA 1936 à 1942 ( le BRA avait lieu tous les ans) passait par un tunnel qui prenait naissance environ 500 m avant le passage actuel (côté Valloire) et ressortait dans une courbe près de la maison cantonnière encore debout sur le versant vallée de l’Arc. Ce tunnel a été détruit par les Allemands en 1944 (le BRA n’a pas eu lieu les années 1943 et 1944). Une route passant au col actuel a été ouverte. Les effondrements et la végétation ont complètement bouché l’entrée de ce tunnel à l’aval et l’amont, et l’on en devine même pas moindre trace …

 

Le Col   (FR-73-1522)

 

C’est aussi le nom du hameau situé entre le col du Télégraphe et Valloire.

C’est un col de flan, sur une LPE entre affluents de la Valloirette.

 

Collet du Plan Nicolas  (FR-73-2406)

 

 

  • Toujours en Savoie, dans l’escalade du Galibier, 5 km après Plan Lachat, on atteint le  Collet du Plan Nicolas  (le col géographique est situé à quelques mètres, sur le talus,  à droite de la route).
  • il sépare la vallée de la Valloirette où se trouve la route du Galibier de la vallée du torrent de la Lauzette, affluent de  la Valloirette au-dessus de Bonnenuit).

 

 

Col du Galibier (FR-05-2642a)

 

Il  est situé :

  • Sur la LPE entre les bassins de l’Isère au Nord (vallée de la Valoirette affluent de l’Arc puis de l’Isère) et de la Durance au sud (Vallée de la Guisane affluent de la Durance)
  • à la limite des départements des Hautes-Alpes et de la Savoie.

Du Galibier: vue sur le massif des Écrins (à droite la Meije) et la route du Lautaret

La route du Galibier (aujourd’hui D902, en Savoie comme en Hautes-Alpes) est construite à partir de 1880, et est achevée par le percement du tunnel sommital en 1891.

Cette route a par la suite subi de nombreux travaux, le tracé a été modifié à plusieurs reprises.

Le tracé initial de la route sur le versant sud était totalement différent avant l’inauguration d’une nouvelle route débouchant au col du Lautaret et l’abandon progressif de l’ancienne.

 

 

  • Selon revue du TCF de septembre 1936 : “Cet important tronçon de la Route des Alpes devait être inauguré l’an dernier, au mois d’août, mais un retard exceptionnel dans la fonte des neiges n’ayant pas permis l’achèvement des travaux à la date prévue, ce n’est qu’en juillet dernier (1936, donc) qu’il a pu être ouvert à la circulation”. On vit le président Albert Lebrun (en vacances à Vizille) s’y promener, hors protocole, ce même été.
  • Selon Wikipédia (se référant à un article du Dauphiné Libéré de 2011 et au site Mémoire du Cyclisme) la nouvelle  route n’aurait été inaugurée qu’en 1938.

Dans son récit C’était en 1937… Mon premier BRA  (archives du BRA), Jean Maillet indique qu’il a escaladé le Galibier par la nouvelle route ce qui confirmerait  la date proposée par la revue du TCF (et infirme la date selon Wikipédia).

 L’ancienne route située à l’est de la route actuelle, débouchait sur la D1091 en contrebas du col du Lautaret, juste en amont des Sestrières, et présentait une pente moyenne nettement plus forte que l’actuel tracé (les six derniers kilomètres à presque 10 %), avec un itinéraire plus court mais un dénivelé plus important.
Une « vague » piste suit le tracé de l’ancienne route, elle est aujourd’hui emprunté par des VTTistes « descendeurs ».
L’ancien et le nouveau tracé se rejoignent au niveau du monument Henri Desgrange et ne se croisent qu’une seule fois, en un point situé légèrement en contrebas de ce monument.

Avant 1976, le tunnel était le seul point de passage au sommet, à une altitude de 2 556 m côté nord et 2 555 m côté sud. À cause de sa vétusté, le tunnel a été fermé en 1976. Un nouveau tracé a alors été construit, franchissant le col topographique et ajoutant sur chaque versant 1 km de nouvelle route à près de 10 % de pente moyenne. Depuis 2002, le tunnel, rénové, est rouvert au trafic automobile (l’ouvrage a une longueur de 370 mètres pour une largeur de 4 mètres qui autorise seulement une circulation alternée par feux tricolores), mais toujours interdit aux vélos, qui doivent franchir le vrai col et ne peuvent pas escamoter le dernier kilomètre, le plus dur de l’ascension.

 

Jusqu’en 1349, les deux versants du col font partie du Saint-Empire romain germanique.

Ensuite, versant nord :

  • La Savoie fait partie du Saint-Empire Romain germanique jusqu’en 1720 date de création du Royaume de Sardaigne
  • De 1720 à 1792 : Duché de Savoie partie du Royaume de Sardaigne
  • Département du Mont-Blanc en 1792 avec l’annexion de la Savoie à la France, suite à l’invasion de la Savoie (par les Marches et Apremontdans la nuit du 21 au 22 septembre 1792, par l’Armée des Alpes française, soit quelque 15 000 hommes au sein desquels on trouve la Légion des Allobroges.
  • Retour au Duché de Savoie (Royaume de Sardaigne) avec les traités de Paris (1814 et 1815)
  • Département de Savoie après l’annexion de la Savoie à la France (traité de Turin 1860).

Versant sud

  • LeDauphiné de Viennois fut un État, sous l’autorité des comtes d’Albon, qui prirent le titre de dauphins. Cette entité apparaît dans l’ancienne Provence, et était une subdivision du Saint-Empire romain germanique, de ses origines admises au xie Siècle  jusqu’à son rattachement en 1349 au royaume de France.
  • De 1349 à 1790 : Province du Dauphiné (République des Escartons de Briançon avec statut particulier résultant d’une charte delphinale du 29 mai 1343, jusqu’en 1789).
  • Depuis 1790 : département des Hautes-Alpes.

 

 

Col du Lautaret (FR-05-2057)

Le col du Lautaret (en descendant du Galibier)

 

Il  est situé :

        • Sur la LPE entre les bassins de l’Isère à l’ouest (vallée de la Romanche, affluent de l’Isère) et de la Durance au sud-ouest (Vallée de la Guisane, affluent de la Durance).
        • Ces deux versants sont dans le département des Hautes-Alpes.

Pourquoi la limite des départements Isère Hautes-Alpes ne  coïncide pas avec la LPE Isère / Durance  au col du Lautaret ?

    • À la création du département, en 1790, les communes de La Grave et de Villar-d’Arêne(val de Romanche) réclamèrent leur rattachement aux Hautes-Alpes (et non pas à l’Isère) parce qu’elles espéraient bénéficier ainsi du statut avantageux des Escartons du Briançonnais.
    • Jusqu’en 1790, les deux versants du col du Lautaret ont fait partie de la Province du Dauphiné et, depuis 1790, ils sont situés dans le département des Hautes-Alpes.

Le col du Lautaret est traversé par la D1091 (ancienne N91) de Briançon à Vizille (elle conserve la numérotation 1091 en Isère après La Grave).

Cette route à travers les Alpes a été précédée par plusieurs autres voies de circulation, dont une voie romaine reliant Grenoble à Briançon durant l’Antiquité et, des siècles plus tard, la route de Grenoble à Briançon, aussi nommée petite route de l’Oisans, puis la route impériale no 110 au début du xixe siècle. Leurs tracés n’étaient pas identiques, mais globalement proches.

Avant la création du barrage du Chambon (mis en eau en 1935), la route passait en fond de vallée. Le lac de retenue ayant pour effet de noyer cet endroit, un nouveau tracé est fait pour la route, qui passe sur le couronnement du barrage avant de longer le lac sur son côté nord en passant par le tunnel du Chambon.

Le 10 avril 2015, le tunnel du Chambon  est complètement fermé à la circulation, pour cause d’éboulements et glissements de terrain ayant fragilisé l’ouvrage. Ceci provoque une coupure totale de la D1091 et d’importants problèmes de circulation dans la vallée, pour les habitants comme pour les professionnels et touristes habitués à l’emprunter

Une route de secours (RS 1091) a été ouverte sur la rive gauche du lac le 24 novembre 2015. Elle a été emprunté par le BRA en 2017 (par obligation) et en 2019 (lors de l’inauguration du nouveau tunnel par le département de l’Isère). Voie verte depuis 2020, elle sera emprunté en 2023 (évitant le passage dans le tunnel long de  990  m).

Les travaux de percement d’un tunnel de dérivation, menés par le Département de l’Isère, ont commencé en mai 2016. Ce tunnel de dérivation est creusé plus profondément dans la montagne et permet d’éviter la zone fragilisée. Après  des ouvertures temporaires, l’ouverture définitive a eu lieu le 15 décembre 2017, après deux ans et demi de fermeture.

Col de Sarenne (FR-38-1999)

 

Plus ou moins de 2000 m au col de Sarenne ?

Après un long débat il semble bien que la conclusion soit qu’il manque un mètre pour atteindre les 2000 mètres.

Pour plus de détails, voir l’article : Le col de Sarenne : 1999 m ou 2009 m

  • De part et d’autre s’écoulent deux affluents de la Romanche : le Ferrand qui se jette dans la Romanche en aval du barrage du Chambon et le ruisseau Nou, confluant avec la Sarenne, en dessous du col (altitude 1826 m). La Sarenne prend sa source au glacier de Sarenne situé au nord du col et bien connu des skieurs de l’Alpe d’Huez, elle se jette dans la Romanche à La Paute, en aval de Bourg-d’Oisans.

Le Col de Sarenne – Route vers Clavans – lors du premier BRO en 1980

 

Il met en relation l’Alpe d’Huez et la vallée du Ferrand (Clavans en Haut-Oisans).

le BRO pour sa deuxième édition est passé (pour la 1ère fois) au Col de Sarenne en juin 1980, la route du col était en terre depuis le torrent de la Sarenne , jusqu’à le Péron en amont de Clavant le haut….et cette année là, le col de Sarenne était noté 2009 m sur l’IGN !

 

 

Pour des variantes et des cols situés à proximité du parcours on pourra consulter les articles suivants :

Article BRA 2019 :  Le BRA, c’est aussi 4 cols à plus de 2000 m

Article BRA 2017 : BRA 2017 : de 6 à 10 cols à escalader

Article BRA 2015 : BRA 2015 PLAN B : de 6 à 11 cols à escalader

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