Vous avez dit navigation ?

un cyclo passionné et passionnant, Pierre DESMAZIERES

un cyclo passionné et passionnant, Pierre DESMAZIERES

Il est vrai que pour ce séjour CTG de ce début octobre, le bateau et la navigation pouvait être de mise pour la Drôme, l’Ouvèze ou la Roanne. Malgré la tourmente, j’ai trouvé ce parcours enchanteur au point même de ne pas honnir la pluie.
Un soir, au gîte, j’ai été toutefois un peu gêné quand je me suis retrouvé dans un petit groupe qui chargeait des cartes et préparait son GPS, à coté d’un autre groupe qui lui discutait plutôt tranquillement autour des sensations du parcours du jour. J’ai même surpris quelques sourires à l’annonce de tout pouvoir connaître à 10 m près gràce à un écran et au zoom proposé par Alp quest. C’est vrai les cartes GPS sont parfaites. Et pourtant je reste un fan des cartes papier avec leur plan fixe, plutôt en grand angle, leurs limites et imprécisions.

Vais je tomber dans la querelle classique du pour ou contre le GPS ?
Ainsi je trouve une certaine redondance carte papier – GPS ; comme un mode d’audio-description ou un sous-titrage pour malentendant dans un film – enfin tant que les neurones fonctionnent et laissent découvrir et interpréter – La carte papier laisse plus de liberté et je n’apprécie guerre la voix aussi douce soit-elle du « tourner à droite ».
Il est vrai que, pour l’instant, je suis content de ne pas avoir un compteur de km, vitesse, pente, arrêts, moyenne, fréquence de pédalage, fréquence cardiaque, dépenses caloriques … Par contre j’apprécie sans compter sensations, difficulté de la tâche, fatigue, humidité, échanges avec le milieu et les autres…sans alarme, sifflet, chrono – peut-être pour oublier les outils de l’entraineur que j’ai été ?

Il est certain que cette technologie est une aide précieuse à la préparation de parcours et à la prise de décision . Bien sûr s’il n’y a personne à qui demander et si je ne connais pas la langue, j’allume alors mon i-phone. Mais pas en permanence (sauf si je ne supporte pas la perte de temps ou l’erreur) pour ne pas faire du GPS des « tontons » comme la babasse des « djeuns ».
Et surtout pas si ça m’empêche de demander où il y a une fontaine, où on peut se ravitailler, où l’on peut coucher, où il y a quelque chose de remarquable à voir, et-l’inacceptable ?- où est la route …

Pour moi le mot navigation a un autre sens. Je ferais bien un parallèle voile/vélo. Les deux domaines font appel à une connaissance du milieu et une culture de pilote.
En voile la navigation consiste à faire le point en fonction de la force du vent, du courant, de la gîte, de la hauteur des vagues, de l’allure, du fardage ; elle relève d’une connaissance du milieu ; il y a un jeu -d’estime. J’aime bien pourtant ceux qui gardent l’idée saugrenue de prendre des azimuts sur des amers (s’il y en a) alors qu’un GPS ou un radar trace la route – sans erreur – (enfin tant il n’y a pas de panne de batterie, de moteur, de groupe électrogène, d’antenne…) Il y en a même qui s’amusent encore avec un sextant…Chacun sait qu’il y a un danger certain à ne pas savoir faire sa route sans son écran pour la navigation cotière et l’atter(iss)age au port.
En vélo la navigation peut se concevoir comme une lecture et une devinette au delà de la carte. Le louvoyage en cyclo n’a pas le même sens qu’en voile (où il est imposé par le vent de face) mais il permet de tirer des bords de plaisir autour de la trace directe.

Alors la carte papier ; complètement dépassée ?
Comme le sténopé, l’argentique en photo ?
Comme le mode manuel sans automatismes et préréglages dans l’appareil photo ?
J’ai de la tendresse pour ceux qui mettent les mains dans la mécanique et connaissent souvent un historique des technologies. La nouveauté n’est peut-être pas une solution à adopter systématiquement.
Je ne prêche pas la décroissance et l’abandon des nouveaux outils ; mais, pour un voyage individuel ou en petit groupe, pourquoi ne pas rester aux cartes papier, à la découverte lente de l’espace au pas de la marche, de celui de Modestine ou de son petit braquet ?
Par contre pour les fichiers météo heureusement que le web existe !

En Drôme, nous avions un excellent pilote avec des moyens modernes qu’il maîtrise et une garantie pour le grand groupe. J’ai même perçu qu’il savait jouer.
J’irais volontiers à sa formation sur Alp quest, si elle se profile. Et surtout si l’on peut en tirer des cartes papiers. Mais j’irais aussi volontiers à des formations approfondies de lecture de carte.

Pierre Desmazières

cyclos ou marins, même protection pour naviguer sous le grain...

cyclos ou marins, même protection pour naviguer sous le grain…

2 Commentaires

  1. TOUT SIMPLEMENT GENIAL VOTRE ARTICLE JE PARTAGE SUR FACEBOOK

  2. Quel réquisitoire !
    En fait il faut voir le GPS comme un instrument de liberté permettant de suivre une route peaufinée à l’avance et permettant ainsi d’admirer le paysage et la nature environnante sans se préoccuper à chaque carrefour du bon parcours. Je le vois donc plus comme une libération que comme une aliénation. Je m’amuse également parfois à tracer et suivre ma route avec une carte papier et une boussole mais combien des adeptes de la carte papier savent encore se repérer ainsi et naviguer aux azimuts. C’est ce qui me permets d’apprécier d’autant plus le GPS qu’il ne faut pas confondre avec celui d’une voiture qui impose son parcours.

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