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Le journal de mamie Paulette : 11 août 1942

sommaire du journal

Blois – Sambin – Cheverny – Chambord – Blois – Sambin = 85 km      total = 564 km

Dans la nuit nous avons eu trop chaud. J’ai fait de vilains rêves (recherche, dans le donjon de Châteaudun – d’ailleurs pas visité – de l’endroit tant cherché hier au soir. Le ciel n’est pas très joli. Cette nuit je crois qu’il a plu.
Nous prenons le petit déjeuner : café au lait / pain.
Je demande et obtiens les WC. Par contre il nous est impossible de garder la chambre une autre nuit. Nous rechargeons donc à nouveau les vélos et quittons Blois pour n’y plus revenir.

Parties à 8h1/2 – après une demi-heure d’attente à la poste pour 1 personne avant Jeannine – nous nous inquiétons, partons où nous passons, s’il nous est possible d’avoir une chambre. Jeannine n’est pas très hardie et je demande partout la même chose, même aux femmes qui travaillent dans leurs potagers. Partout la même réponse : il faut s’éloigner davantage des bords de la Loire et de Blois. Dégoûtée après plusieurs tentatives infructueuses, j’envoie Jeaninne au café de Sambin qu’on nous a indiqué. Elle ressort le visage réjoui en se frottant les mains. Je comprends tout de suite. Nous avons cette chambre pour 2 nuits. Sans tarder nous débarrassons nos vélos et, comme il est 11h1/4, nous filons vers Cheverny avec l’espoir d’y déjeuner avant de visiter le château.

Des surprises nous attendent : il y a 3 restaurants plus l’hôtel du château. Aucun ne sert de repas, l’hôtel se contentant de nourrir ses pensionnaires. Comme il est environ 11h1/2 nous voulons visiter le château. Les Beaux-Arts y travaillent – comme dans Châteaudun – mais ici il est même impossible de pénétrer dans le parc..
Pour notre déjeuner nous achetons ce que nous trouvons : pain, beurre, tomates et pommes. Nous mangeons tout cela sur le chaume, au soleil, car il y en a si peu que nous n’avons pas voulu rentrer dans la forêt.

Puis c’est la route vers Chambord à travers la forêt de Boulogne. Les pins sentent très fort la résine. Nous laissons chacune trace de notre passage. Nous cueillons des mûres et nous atteignons Chambord, d’abord son parc, puis le château. Il est 2h1/4. Nous sommes bonnes pour la visite de 2h1/2. Les abords du château sont bien calmes. 3 cyclistes se photographient. Au loin, près du guide, 2 personnes sont assises. Nous allons les rejoindre pour attendre l’heure de visiter.
Nouvelle surprise : sur la porte, d’ailleurs ouverte, l’inscription suivante : Le Ministère de l’instruction publique interdit l’entrée du château. Il n’est cependant pas occupé, et les Beaux-Arts si travailleurs en ce moment, n’y sont pas non plus.
Pour mieux en faire le tour, nous sautons les fossés. Celui-là au moins nous pouvons l’admirer extérieurement.

Que faire de notre après-midi ? Nous voudrions bien dîner, aussi nous décidons de retourner à Blois. Chemin faisant, nous calculons – il est si tôt – qu’il nous restera bien des heures inemployées avant le dîner, et que par contre, nous ne pourrons rejoindre notre chambre qu’assez tard dans la soirée.
Aussi, nous nous contentons de nous réapprovisionner comme le matin : pain, beurre, fromage.
Sur le retour, le soleil est brusquement bien chaud. Nous refaisons le chemin de ce matin, retrouvons l’endroit où nous sommes arrêtées parce que ma valise sentait si bon l’eau de Cologne (A signaler que la bouteille était au-dessus de la boîte à sucre…)
Nous revoyons les vignes et les champs de tabac que nous admirons et respirons, les champs d’asperges montées que nous avions remarqués le matin. La route, le long de la Loire, et même après, est plus agréable que celle de tantôt : nous avons pourtant vu, parmi des carrières et des exploitations de tourbe, un écriteau qui avait bien vite attiré l’attention de Jeannine : Ville de Montrouge, Château de la Sistière…
Quels vieux souvenirs.

Le soleil tape de plus en plus fort. Il est bientôt 5h et nous roulons depuis ce matin. Nous manquons un peu de courage. Heureusement un petit incident fait diversion : un jeune homme trempé à la suite d’une mauvaise farce fait les presque derniers kilomètres avec nous. De la route il nous montre un parisien qui aide son père à rentrer la moisson. C’est bien la première fois que nous entendons parler de ces engagés agricoles.

Arrivées chez nous, nous tombons sur les chaises puis crèmons nos coups de soleil. Jeannine sort nos victuailles que nous dévorons en peu de temps. Comme nous sortons dans le bourg, nous achetons des fruits qui complèteront notre repas.

Jeannine entend passer une foule dans notre rue si calme. Elle se précipite à la fenêtre pour voir passer … les vaches ! Cependant elle ne les aime guère et celle qui nous a accompagnées ce matin sur le chemin de Cheverny ne l’a guère rendue plus aimable pour ces pauvres bêtes.
En ce moment, comme de juste, elle tricote.

Temps : superbe l’après-midi
Santé : Coups de soleil sérieux sur les cuisses … Je marche comme sur des oeufs. Et il faut se coucher !

J’en reviens au WC. Je viens d’y aller en-bas, et laisse à Jeannine la verdeur de son impression.
Aussi je n’en dis pas plus long ce soir à ce sujet… ce qui intrigue fort Jeannine.
Déjà à Bonneval, ils n’avaient pas de porte !

 

 

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